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Mieux comprendre le programme FILLON
10 janvier 2017

Réforme des services publics : OUI, mais ...

La réforme du service public est à la fois un sujet tabou en France et le coeur même du programme courageux - si ce n'est téméraire - du candidat FILLON.

Où cela coince-t-il ? 

Premièrement, sur le constat. Rarement vous entendrez un candidat de Gauche parler de la dette publique, de la bureaucratie (même si François Hollande avait lancé l'idée intéressante d'un "choc de simplification"), des normes trop nombreuses, etc... Pourquoi ? Pour diverses raisons :

- la dette publique est principalement la conséquence de notre modèle social : la réduire, c'est sûrement toucher à certains acquis sociaux

- réduire le poids de la bureaucratie, c'est mécaniquement supprimer des postes de fonctionnaires et donc réduire l'électorat de la Gauche

- l'accumulation des normes a souvent pour objectif de protéger le salarié, protéger l'environnement, etc...

De plus, il y a ce mythe comme quoi la France dispose du meilleur système social au Monde. Le plus protecteur oui, incontestablement. Mais financé à crédit... Est-ce viable sur le long terme ? Se poser ensemble ces questions toutes simples, ce serait déjà avancer et l'on pourrait écouter les arguments des uns et des autres pour le réformer intelligemment et de façon juste.

Que propose François FILLON  ?  Revenir progressivement à un niveau de dépenses publiques proches de 50 % du PIB (comme au début des années 2000) contre 57 % aujoud'hui, afin de pouvoir les financer et ne pas endetter davantage le pays.

 

 

Deuxièmement, les bloqueurs de réformes. Qui sont-ils ? Un peu tout le monde en réalité. Certes, certains syndicats font du blocage systématique dès que l'on avance un projet de loi, d'autres sont plus ouverts (la CFDT a signé la réforme des retraites portée par F. FILLON en 2003). Mais quid des Français ? Globalement tous sont ok pour les réformes à condition - souvent - qu'elles ne les concernent pas directement. 

Michel Godet, économiste, avait cette phrase : "Ne sont injustes que les inégalités dont on ne profite pas !"

Une chose est certaine, si François FILLON veut avoir une chance de faire passer ses réformes, elle doivent toucher autant - si ce n'est plus - les PUISSANTS que le commun des mortels.

Un exemple concret : le référendum promis pour Septembre 2017 sur l'égalité des régimes de retraites. Censé aligner tous les régimes (publics, privés et régimes spéciaux), les Français ne l'accepteront que s'il inclut les régimes spéciaux de retraites des parlementaires (ce qui a déjà été partiellement fait en 2010 et qui est prévu pour 2017).

 

A lire sur le sujet : http://blog.seniorenforme.com/la-retraite-des-parlementaires-notre-enquete/

 

Assemblée Nationale

 

 

Troisièmement, la méthode, purement comptable et souvent injuste. Lorsque l'on parle de réforme des services publics, l'on se heurte à une réalité : la France ne dispose d'aucun moyen d'évaluation qualitative, ce n'est pas dans sa culture. Reste donc la logique implacables des chiffres. Et à ce jeu-là, c'est toujours les mêmes qui morflent.

Un exemple : la réforme de la carte judiciaire et hospitalière. Afin d'évaluer si une maternité ou un tribunal d'instance est rentabilisé, l'Etat fixe son quota à X bébés, ou X procès. Bien sûr, ces quotas sont atteints dans les villes moyennes ou grandes, mais pas des les villages ruraux. Donc, suppression ! Pour les villages ruraux, c'est la double peine : il n'y a déjà que peu d'activité économique, voilà que les services publics désertent. Il faut faire une heure de voiture pour accoucher, une heure pour aller au tribunal, etc...

La réforme juste - que personne ne propose (la Droite faisant du mathématique, la Gauche du statut quo) - ce serait de réfléchir à un maillage territorial n'hésitant pas à délocaliser certains services publics vers des bourg-centres ruraux, au détriment des villes plus importantes.

Au niveau Sud-Drôme par exemple, Montélimar garderait toute son activité économique, ses hôpitaux, etc... mais pourrait se passer de tribunaux et de quelques directions de services qui seraient répartis sur le Tricastin et le Nyonsais. Cela ne pénaliserait pas grand monde (ce n'est pas tous les jours que l'on va au tribunal) et permettrait de conforter le monde rural. Après tout, n'était-ce pas l'idée quand Nyons et Die ont été désignées "Sous-Préfecture" ?

 

 

Quatrièmement, le risque pour l'emploi. C'est un peu le paradoxe d'un programme de réformes comme celui de François FILLON. Il fait le pari que moins les entreprises auront à supporter financièrement le poids des finances publiques, plus elles embaucheront. Le chômage diminuera donc mécaniquement. C'est sans doute vrai sur du long terme (au moins une décennie), mais à court terme cela risque d'être plus compliqué.

Au Royaume-Uni, la réforme en profondeur de l'économie menée par Magaret Thatcher a tout d'abord fait grimper le chômage dans les années 80 (jusqu'à 11,8 %) avant de créer des conditions favorables à l'emploi et à la croissance (5% de croissance en moyenne à partir de 1990, et 5 à 7% de chômeurs sur la 2ème moitié des années 90) dont profitera essentiellement son succeseur John Major. La France saura-t-elle faire preuve d'une patience et d'une tenacité similaire ? François FILLON est-il prêt à prendre le risque de faire grimper le chômage dans un premier temps et d'être impopulaire ? (remarque à nuancer, Thatcher ayant été réélue deux fois)

De plus, un programme ambitieux de non-renouvellement de poste de fonctionnaires est compliqué à faire accepter aux jeunes, dont beaucoup aspirent à faire carrière dans la Fonction Publique. Moins de possibilités d'embauches, c'est risquer de voir le taux de chômage des jeunes grimper en flèche. Il faudra un certains temps à l'éducation nationale, aux organismes de formation, etc... pour s'adapter et réorienter le système éducatif vers l'emploi privé, là où depuis 20 ans, les classes préparatoires menant à l'ENA, à Science Po, au professorat se sont multipliées.

mitterand vs thatcher 

 

 

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